Plainte
N°2006/4743 : Manganèse aux robinets de
Revin et dans les eaux souterraines ardennaises.
Monsieur,
Votre courrier du 2 avril 2007 traite
trop légèrement de la pollution des eaux européennes. Notre association, et
l’association allemande de malades de l’environnement, dont je
suis vice- présidente, s’inquiètent fortement des pollutions aux métaux
lourds, et aux métaux traces, dont
par exemple le manganèse.
On retrouve –parmi d’autres- ce
puissant neurotoxique, générant la maladie de Parkinson de type inguérissable,
sur notre site de Bourg Fidèle, et de plus en plus sur d’autres sites.
La Commission Européenne (CE) est désinformée,
et IGNORE UN DRAME HISTORIQUE.
1.
La
CE nous écrit : « les autorités françaises ont confirmé à la
CE, par une note en date du 23 février 2007, que les analyses de l’eau au
robinet des consommateurs dans la commune de Revin n’ont pas
mis en évidence la présence de manganèse. Plus spécifiquement, les
concentrations maximales en manganèse mesurées en 2005 et 2006 ont toutes été
inférieures à 2 µg/l… »
2.
Un article dans le journal l’Ardennais, daté du
7 avril 2006, révèle pourtant des taux inquiétants de manganèse, dans
l’eau des robinets de Revin, très au- dessus de ce que votre courrier
mentionne. Cet article, ci- joint (1), révèle des
taux de 60 à 90 µg/l…Un expert de la Générale des Eaux, M. DEFFAUT,
affirme (faussement) dans l’Ardennais : « on est
dans la norme…cela n’engendre pas de problèmes de santé ». Vous
indiquez vous- même un seuil de 50 µg/l. Bourg Fidèle est à 10 km à
l’amont de Revin.
3.
Les autorités françaises ne disent pas la vérité, et la Générale
des Eaux fuit ses responsabilités.
4.
Le manganèse n’est pas seul en cause : Métal Blanc rejette
du fer, du zinc, de l’étain, du plomb, parmi d’autres toxiques, comme un document DRIRE du 26 janvier 1998
l’atteste. Un courrier de la Préfecture du 18 décembre 2003 (2) révèle un taux de fer dans les eaux souterraines de
39.200 µg/l, sous le PZ3 (Piézomètre 3) en juin
2003, « pour revenir à 15.800 µg/l en août 2003 ». La
Préfecture n’est nullement alarmée ; en 2004, ce taux de fer arrive à 995.000 µg/l, toujours sous le PZ3. (3). Le
taux de fer arrive à 1 million et demi de µg/l dans l’eau de source du
lieu-dit le Grand Hongréau, 1km 800 à l’aval de l’usine
5.
L’eau du bassin de Witacker à Revin contient déjà en 1999
« des teneurs de fer en concentration légèrement au- dessus de la norme »,
soit 250 µg/l, seuil 200, selon une page d’une
revue distribuée par la mairie de Revin. En 2002, ce taux est monté à
278 µg/l. (4)
6.
Le taux de manganèse du bassin précité
-selon cette revue- arrive à
50 µg/l en 2002, on est au seuil. Nous ignorons les taux actuels de
l’eau du bassin de Witacker, les politiques n’en font aucune publicité.
Le bassin de Witacker est une réserve potentielle d’eau potable, qui se
déverse dans la Meuse, et ses sédiments sont hautement pollués,
notamment à l’arsenic, au cadmium, au cuivre, au nickel… selon une étude
menée officiellement par l’IRH, ou Institut de Recherches Hydrologiques. La
pollution par Métal Blanc – sur Bourg –Fidèle- est reconnue par la
justice, qui a condamné Métal
Blanc à une amende de 100 .000 euros, et les anciennes fonderies
sont mises hors cause, pour ce type de pollution.
7.
Vous
affirmez « que les captages alimentant la commune de Revin sont totalement
indépendants, d’un point de vue hydrologique, des masses d’eau souterraines
de la région de Bourg Fidèle ». Vous n’en fournissez aucune preuve ;
le schéma fourni par ANTEA (5) montre la descente des eaux superficielles et
souterraines vers Revin. D’ailleurs, un hydrogéologue –agrée
par le tribunal- relève en 2002 « une insuffisance
des études réalisées » ;
« cette insuffisance porte … sur la migration des
polluants dans le sol
vers la nappe phréatique…les pollutions particulaires
atmosphériques ne
semblent pas prises en compte. ». (6)
La
CE tente de nier la pollution.
1.
La CE ignore
que les eaux de ruissellement peuvent
contaminer les eaux souterraines. Un petit exemple, ci- joint : un
ancien directeur de Métal Blanc explique, dans un rapport du 13 juillet 99, que
les rejets d’eaux pluviales augmentent les concentrations de plomb « en
amont de l’usine ». (6bis) .Le professeur François RAMADE, le célèbre
écotoxicologue de la Faculté d’Orsay, insiste -dans un rapport destiné à
la Justice- sur les infiltrations d’eaux de surface polluées, vers les nappes
souterraines, s’agissant des taux surréalistes de manganèse, dans les puits
de Bourg- Fidèle. Ces taux sont divulgués par ANTEA, l’organisme financé par Métal Blanc .On arrive –en
1998- à 3,98 mg/l, soit 3980 µg/l dans les eaux souterraines, « à proximité du bassin d’eau pluviale ».
Dans les puits du village, en outre, les
taux de manganèse sont considérables,
des milliers de fois au- dessus du seuil. La Préfecture veut ignorer
la question, prétextant que ces
puits ne sont pas en contact avec les rejets directs de l’usine, mais ignorant
les infiltrations des eaux de pluie polluées.
2.
La CE écrit : «les
documents en possession de la Commission …ne permettent pas d’identifier un
quelconque rejet ». Il s’agit de
Métal Blanc, qui vient encore d’augmenter sa production, sans
autorisation. Mais la Préfecture « régularise » actuellement
l’infraction. La justice française évoque « une avalanche de preuves », à
la séance de la Cour d’Appel de
Reims du 3 octobre 2006. Il est
surprenant qu’une pollution majeure et historique (depuis plus de trente ans)
comme celle de Métal Blanc ne laisse pas de trace à la CE, selon « les
documents en possession » de cet organisme, que nous alertons depuis
1998.
3.
Selon l’arrêté d’extension N° 4366 que vous mentionnez, Métal
Blanc est autorisée à rejeter jusqu’à 0,24 mg/l de cadmium, soit 240 µg/l,
et jusqu’à 0,25 mg/l de plomb,
soit 250 µg/l dans un ruisseau non domanial tel que la Murée. Il s’agit de
taux considérables, dépassant de loin les normes de potabilité de l’eau.
Pour le plomb, la norme de potabilité
est de 25 µg/l, -bientôt 10- et pour le cadmium, 5 µg/l. Un peu de purin dans la Murée est un motif de procédure,
mais Métal Blanc peut continuer de ruiner tout un secteur, et de menacer la
MEUSE, avec l’approbation de la CE, et ce, en déversant « légalement »
des taux considérables de puissants toxiques, dans un ruisseau privé.
4.
L’Etat
français est en infraction avec la loi, puisque aucun rejet, avec ou sans
normes, n’est autorisé dans un ruisseau non domanial. Les riverains de la Murée ne peuvent
plus pêcher, plus se baigner, les bovins n’ont plus le droit de boire au
ruisseau, selon des documents de la Préfecture.
5.
Une partie des toxiques n’est pas recherchée par
l’usine, ni par la Préfecture, dans les rejets aqueux et atmosphériques de
l’usine polluante. Le sélénium, par exemple, est « cinq fois supérieur au maximum légal
dans les eaux potables », dans les eaux de la Murée, à l’aval immédiat
de Métal Blanc, outre le taux de plomb, qui est « quatre fois supérieur
au maximum légal », et en outre « les sulfates » sont
« plus de deux fois supérieurs au maximum légal… »….Il
s’agit d’analyses du printemps 2004.
6.
Quant au manganèse, plusieurs courriers de la Préfecture
veulent nier ou ignorer les
origines du problème. La Gendarmerie Nationale de Rosny sous Bois a mis en évidence
des taux considérables de manganèse dans l’enceinte de l’usine, et sur des
camions de livraison. S’agit- il de piles, pourtant interdites à
l’usine…La CE, dotée de moyens financiers ne pouvant être comparés à
ceux des associations, n’est pas apte à mener la moindre des recherches, y
compris sur les filières de transits frontaliers de déchets industriels, tels
que les piles, contenant du manganèse. Des piles aboutissent à Métal Blanc,
comme un récent courrier de la Préfecture l’évoque avec parcimonie,
admettant une seule pile trouvée dans l’usine…Métal Blanc importe ses déchets.
7.
Vous évoquez « une
pollution supposée des eaux souterraines. Une source de M. Devillez, analysée
par la Chambre d’’Agriculture,
au printemps 99, contient déjà 70
µg/l de plomb, selon une enquête sur les points d’abreuvement du bétail.
Les mares, les ruisseaux, une source, tout était hautement atteint. Pour cette
source, la Préfecture évoque le 2
août 2000 « d’autres sources de pollution dans les environs de
l’usine ».Déjà en 1997, le plomb dans le puits de l’usine arrive à
156 µg/l, selon ANTEA (7)
Une infraction de longue date : le non
confinement des remblais, menaçant la nappe phréatique.
La DRIRE, dans un rapport du 15 septembre
98, demande le confinement des remblais hautement contaminés de Métal Blanc,
au- dessus de la nappe phréatique. Un courrier de la Préfecture du 9
avril 2001 (8) affirme SANS PREUVE : « les eaux souterraines affectées essentiellement
par les polluants contenus dans les remblais …sont des eaux
stagnantes…C’est parce que les polluants contenus dans ces remblais ne
peuvent migrer vers d’autres milieux et ne peuvent donc avoir d’impact
significatif que l’Inspection des Installations Classées a proposé
d’autoriser leur confinement sur place, plutôt que leur enlèvement et mise
en décharge. ».
ANTEA, dans sa synthèse, demande
pourtant « de déterminer si les remblais, d’origine industrielle,
constituent une source de contamination (par ruissellement et/ou infiltration)
du milieu naturel et du ruisseau « (9)
Ces remblais devaient être confinés
suite à l’arrêté préfectoral du 10 mai 1999. Seule une « couverture
provisoire » allait être mise en place en été 2001, selon la lettre de
la Préfecture du 9 juillet 2001, malgré
la promesse faite à la justice de confiner ces remblais en 2000…
La pollution par le manganèse (et le
plomb, le nickel, le cadmium…) provient également de l’air, sur un rayon
large.
Les analyses (10) provenant de la Répression des
Fraudes, en mars 2006, et payées comme toujours par nos soins, ces analyses
alarmantes montrent que les poussières sur un toit, à 1km800 de l’usine, au
lieu-dit le Grand Hongréau, sont
collectées par des eaux de pluie contaminant le sol, à la sortie de la gouttière.
L’échantillon « terre » 1 Schneider
contient 1,9g/kg de plomb, soit 1900 mg/kg, le seuil est de 100 mg/kg ; le
cadmium arrive à 6,9 mg/kg, le seuil est de 0,8 à 2 ; le manganèse
arrive à 840 mg/kg, le seuil est de 200 à 700, selon le commentaire du
laboratoire, etc…
La Préfecture
veut ignorer ce grave problème
d’extension spatiale de la pollution, en écrivant que « les taux diminuent quand
on s’éloigne de l’usine ».
Plusieurs sites en France sont atteints par
un nouveau toxique : le manganèse.
Dans le Beaujolais, ANTEA a relevé des taux très élevés
de manganèse dans les eaux souterraines. (11) .On arrive à 9418 µg/l, pour un
seuil de 50 µg/l. Au Grand Hongréau, sur le site de Bourg Fidèle, le
taux de manganèse dépasse 8000 µg/l dans l’eau de sources. La preuve vous
est –elle parvenue, bien évidemment
le plomb, le fer, le nickel, le cadmium y sont à des taux alarmants..
Plusieurs victimes d’eaux polluées au manganèse
ont gagné en justice, en France, sur des sites nouvellement atteints.
S’agit-il des piles ?
Nous tenons à signifier aux générations futures
l’incompétence de la CE en matière de gestion des plus graves pollutions
européennes, et nous verrons qu’ une
partie gangrenée ne peut pas même épargner le monde financier.
Recevez, monsieur, nos salutations distinguées.